On ne veut pas de nous…

On ne veut pas de nous…

Mères de famille concernées et impliquées, « exemples » de simplicité volontaire réussie, femmes engagées, humaines concernées, militantes aguerries et pourtant on ne veut pas de nous.

Nous faisons peur, nous ne restons pas à notre place, nous remuons les consciences placides et endormies, nous nous mêlons de ce qui nous regarde, nous mettons les pieds dans le plat. Nous ne sommes ni universitaires, ni médiatiques, nous sommes pourtant engagées dans beaucoup de mouvements, associations et collectifs citoyens, nous voyons l’avenir tel qu’il est et non tel qu’on veut nous le montrer.

Anti-productivistes, anti-consuméristes, nous souhaitons la relocalisation des productions. Nous avons fait entendre nos voix, nous montrons par nos actes quotidiens que le changement est possible et que la moutonnerie n’est pas la voie à suivre.

Sobriété, simplicité, relations humaines, partage, solidarité, respect, accueil telles sont nos valeurs.

Elles semblent ne pas avoir de place en politique locale. Parfois on nous appelle parce que nous sommes des femmes, et que parité oblige, nous sommes indispensables, mais nous devons nous taire. Plus souvent, nous parlons trop fort, engageons des discussions, car nous ne sommes pas d’accord, nous n’avaliserons pas sans explications et prises de position les décisions des élus.
Nous gênons, nous sommes trop radicales semble-t-il. La façon dont est menée l’agriculture productiviste nous scandalise, la façon dont est menée l’industrie destructrice nous horrifie, la façon dont est menée l’économie capitaliste et libérale nous répugne, la façon dont certains sont stigmatisés en raison de la couleur de leur peau, de leur religion, de leur origine, de leur handicap, de leur sexe nous révolte.

Nous ne pouvons rester immobiles, sages, ignares et obéissantes, juste ménagères de moins de 50 ans. L’avenir, nous souhaitons le construire, différent du passé, protecteur envers toutes les espèces, tous les écosystèmes, avec une place pour chaque chose et chaque être vivant, chaque plante, ni plus ni moins importante.

Devant la politique paternaliste et individualiste issue du passé, devant une déresponsabilisation des citoyens, infantilisés, jamais consultés, juste pourvoyeurs de blanc-seing au moment des élections, nous avions des propositions à faire, nous souhaitions nous impliquer, participer à la vie de notre commune, enrichir la prise de décision politique par notre expertise citoyenne, permettre à l’expression collective de se manifester.
Mais voilà, on n’a pas voulu de nous pour figurer sur une liste électorale….

Chloé et Marie-Noël

Ce contenu a été publié dans Campagnes 2014. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.