Rencontre entre le Mouvements des Objecteurs de Croissance (MOC), le Parti pour la Décroissance (PPLD) et le Parti de Gauche (PG)

logo-ppldEtaient présents :
Pour le MOC : Jean Luc Pasquinet
Pour le PPLD : Rémy Cardinale et Chistophe Degennes
Pour le PG : Corinne Morel Darleux et Eric Coquerel

Le PPLD se présente : il a été créé en 2005-2006 et a connu des débuts difficiles dus à des désaccords de fond sur l’engagement en politique. En 2006, une association a également été créée pour organiser des rencontres du réseau des objecteurs de croissance. Les fondateurs d’origine du PPLD ne sont plus membres de ce parti. Une nouvelle équipe a souhaité relancer le PPLD en 2008 avec comme objectif de fédérer l’objection de croissance. Ils ont rencontré dans ce cadre des objecteurs de croissance indépendants et le MOC. Le 13 février 2009, le PPLD et le MOC ont décidé de s’unir afin  de travailler ensemble à la constitution de listes Décroissance aux européennes. Mais néanmoins le PPLD et le MOC gardent leur propre autonomie.
L’appel à la constitution de listes Décroissance pour les élections européennes 2009 lancé notamment par Vincent Liegey et Rémy Cardinale, mis en ligne sur Internet en décembre dernier, a recueilli  plus de 1600 signatures sans aucune aide de grands médias. Une réunion de lancement aura lieu le 25 avril prochain pour lancer l’Association Des Objecteurs de Croissance (ADOC-France), regroupant  des OC indépendants, le PPLD et le MOC.
Le PPLD et le MOC n’ont pas peur de se présenter comme des non professionnels de la politique politicienne ou électoraliste. Le PPLD est convaincu que la simplicité volontaire, qui est un des piliers de la Décroissance, n’est pas suffisante  et qu’il est grand temps de passer à l’action collective. Le PPLD a pour ambition d’offrir un débouché politique à l’objection de croissance et de manière plus large d’apporter des réponses en cohérence avec les questions environnementales et sociales dans cette période de crise inédite.

Le PG demande au PPLD et au MOC s’ils se définissent comme des mouvements de gauche.

Le PPLD et le MOC  ne peuvent se définir comme étant « de gauche ». Ce clivage gauche-droite leur semble aujourd’hui dépassé dans ce contexte de crise anthropologique, c’est-à-dire économique, financière, énergétique, écologique, sociale et culturelle.  Sur cette question, le PPLD s’interroge encore quant à la définition d’« être de gauche ». Ils soulignent en revanche qu’ils restent extrêmement vigilants face aux tentatives de récupération par l’extrême droite. Le PPLD, bien que composé de personnes venant d’une culture de gauche, souhaite transcender le clivage gauche-droite en ne s’interdisant aucune discussion avec d’autres  partis (certains membres du PPLD ont des contacts avec des militants du MODEM).Le PPLD souhaite rassembler des personnes en quête de sens. Il réaffirme néanmoins  être résolument anticapitaliste, antiproductiviste et donc anticonsumériste.

Quant au MOC c’est une question ouverte, car face à la grave crise environnementale, sociale et humaine engendrée par le modèle de développement industriel et techno-scientiste, il y a nécessité de dépasser les idéologies, issues des pensées politiques du 19ème siècle, dont se réclame la gauche de gouvernement, Il souligne en revanche qu’il lutte contre l’extrême droite, le capitalisme et le productivisme, pour une écologie radicale et autogestionnaire.

Le MOC rappelle qu’il a eu des élus alliés avec la LCR et « la gauche alternative » en 2007 (Thierry Brulavoine à St Nazaire notamment), il a plutôt des adhérents venant du monde ecolo-libertaire, alternatif, ultra-gauche ou spiritualiste (Gandhi).

Enfin, Europe-Décroissance du fait de cet héritage des valeurs dites de gauche a pour l’instant rencontré deux partis : le NPA et le PG.

Le PG souligne qu’il s’agit là d’une divergence politique. Le PG se définit en effet comme un parti de gauche, appelant au dépassement du capitalisme et rejetant le modèle productiviste. Pour le PG, la critique du productivisme n’est pas compatible avec la droite qui privilégie une logique de profit. Le PG mentionne également à titre d’exemple sa divergence avec le rassemblement Europe-Ecologie, qui place la ligne de clivage sur l’environnement et non sur la question du libéralisme qui est pour le PG un préalable à une véritable approche écologique. Enfin, le PG précise qu’être de gauche signifie partager un certain nombre de valeurs relatives à la notion de bien commun, d’intérêt général, d’égalité, de progrès social.

Le PPLD indique que la gauche a aussi été et est toujours productiviste. Il questionne le choix d’un accord avec le PCF.

Le MOC souligne que les Verts ont dilué leur programme pour obtenir des postes, et que c’est pour ce type de raison que le MOC ne souhaite pas retomber dans l’électoralisme.

De plus, le MOC rappelle que le PCF est à l’origine du développement du nucléaire et remarque que ce parti y reste très attaché.

Le PG précise que le texte commun rédigé avec le PCF pour le Front de Gauche aux européennes remet très clairement en cause le productivisme. Il précise qu’il faut également parler de souveraineté populaire dans les valeurs de gauche : le nucléaire par exemple n’a pas fait l’objet de débat public avec les éléments dont on dispose aujourd’hui pour prendre des décisions en connaissance de cause.

Le PPLD ajoute qu’il faudrait définir ce qu’on entend par intérêt général et bien commun en revenant sur la définition donné par le PG de ce qu’est « être de gauche ».

Le PG rappelle que c’est à l’appel de JL Mélenchon et de M Dolez que s’est construit le PG, rapidement rejoint par des mouvements politiques et personnalités. Le PG rassemble aujourd’hui plus de 4000 adhérents et a pour objectif de parvenir à 8000 adhérents en Juin. Face à l’offensive historique du libéralisme, le PG a été créé pour répondre au besoin d’une gauche forte et possiblement majoritaire pour changer le système et porter l’alternative au capitalisme. Son objectif stratégique est le rassemblement de toutes les traditions de la gauche dans un parti gouvernemental à vocation majoritaire. Le PG se veut l’artisan de l’unité et de la refondation de la gauche, dans un parti creuset alliant le meilleur des traditions de la gauche écologique, républicaine, laïque, féministe…

C’est dans ce cadre que s’est créé le Front de Gauche pour les européennes, avec l’ouverture à toutes les forces de la gauche antilibérale, sans exclusive. Le Front de Gauche rassemble aujourd’hui le PCF, le PG et la Gauche Unitaire.

Le clivage gauche-droite est donc fondamental pour le PG, face aux lois du marché et du profit.

Le MOC rappelle qu’il existe un processus de convergence de l’écologie radicale et donc une alternative de rassemblement.

Le PG indique qu’il connaît bien ce mouvement. Le PG explique son positionnement sur la réorientation énergétique et la planification écologique, sur des choix tenus à l’abri des logiques de marché.

Le PPLD souligne que cela pose aussi la question de maintenir notre train de vie (réévaluer nos consommations et productions) en rappelant que l’empreinte écologique d’un français s’élève à plus de trois planètes et que notre modèle de production et de consommation n’est pas soutenable.

Le PG précise que le train de vie n’est pas le même pour tous et qu’au-delà de la question technique, il s’agit de répondre aux besoins sociaux de tous, notamment dans les pays du Sud où la question est celle de la survie. Cela implique de définir ce que sont ces besoins sociaux et de poser la question des indicateurs de richesse. Aujourd’hui rentrent dans le calcul de la croissance des besoins qui n’en sont pas. Cette réflexion doit être menée en lien avec l’urgence écologique, l’urgence sociale et la répartition des richesses.

Le PPLD rappelle que le premier point de son programme pour les élections européennes est la mise en place d’un revenu citoyen pour tous et sans contrepartie.

Le MOC indique que le service public n’empêche pas les accidents nucléaires et que le service public à la française n’a pas vraiment été développé pour défendre l’intérêt général. Il déplore son délitement mais aussi son accaparement par une élite sociale : X, Mines, Ponts qui décide pour le peuple. Les services publics ont ainsi contribué à l’organisation de la société par la « contre-révolution technique ». Le service public enfin ce sont les « lois de Roland » de continuité (interdiction du droit de grève), adaptabilité (acceptation de toutes les révolutions techniques sans les discuter) et d’égalité (seul principe que nous soutenons). Le MOC précise qu’il ne rejette ni la technique, ni la science, mais la religion de celles-ci.

Le PG rappelle qu’il rencontre tout le monde sur la remise en cause de la logique capitaliste, c’est l’objet de cette rencontre. Le PG accorde une importance majeure à l’écologie, qui a fait l’objet de son tout premier Forum, et souhaitait rencontrer les objecteurs de croissance dans le cadre de sa réflexion sur l’écologie politique. En outre, le PG pense que le Front de Gauche est la seule solution pour poser la question d’une autre gauche avec une vision durable. Le comité de soutien est ouvert aux associations, mouvements, personnalités. Des places sur les listes sont réservées à des personnalités d’ouverture.

Le PPLD rappelle que la Décroissance ne concerne pas que les questions écologiques mais qu’il s’agit de la mise en place d’un nouveau paradigme, nouveau projet de société soutenable (questions écologiques) et souhaitables (questions culturelles et sociales).

Le MOC cite certaines personnalités de l’objection de croissance et demande si elles sont sur ces listes.

Le PG confirme que certains ont rejoint le PG. Les listes ne sont pas finalisées, des places étant réservées à des personnalités d’ouverture.

Le PG rappelle qu’il est un parti de rupture, mais un parti républicain, attaché au suffrage universel et conscient de la nécessité de construire des majorités politiques pour refonder la gauche et changer la société. Le rapport aux institutions est un de ses éléments de divergence avec le NPA par exemple.

Le PG pose la question de l’avenir des listes Décroissance aux européennes.

Le PPLD et le MOC indiquent que la décision est arrêtée de lancer ces listes pour passer à une étape collective de campagne pour la Décroissance. L’objectif est de présenter au moins 5 listes (Ile de France, Sud Est, Sud Ouest, Est, Centre) et de profiter de la vitrine de la campagne pour porter les valeurs de la Décroissance via les médias et présenter un projet politique de rupture avec le capitalisme mondialisé. Un rassemblement est prévu le 25 avril à Paris pour la constitution de ces listes. Cette décision est définitive et s’appuie d’une part sur le succès rencontré par l’appel Europe-Décroissance et d’autre part sur  l’urgence de changer de modèle de société et de mode de pensées. Malgré le manque de moyens, la présence de ces listes est importante dans la campagne officielle car elles permettront de défendre les valeurs de la décroissance et de fédérer tous les objecteurs de croissance. Cette démarche s’inscrit dans la volonté de lancer un mouvement politique sur le long terme.

Le MOC précise qu’il a déjà des élus municipaux dans des villes et villages.

En conclusion, le constat est fait que des divergences de fond justifient de fait l’existence de listes distinctes dites de « Décroissance » et « Front de Gauche », notamment sur la question de se positionner clairement à gauche

Il est également souligné qu’il existe un certain nombre de convergences sur le fond, ainsi que des points qui restent à approfondir. Il est donc convenu de poursuivre le dialogue, notamment sur l’anticapitalisme et l’antiproductivisme.

Le PPLD et le MOC souhaitent réaffirmer leur forte volonté de travailler avec le PG sur le fond et le long terme en participant ensemble à des rencontres et à des séminaires comme ils le font déjà avec d’autres groupes comme le NPA par exemple.

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