Manger de la viande tue : un tabou qui saute !

Quelle une des Inrocks !

« Manger de la viande tue » ! Comment ne pas se réjouir devant un tel titre ? Pour les Inrocks, et de nombreux autres médias, la question du régime alimentaire occidental actuel et de ses conséquences négatives, et donc sa remise en cause, semble enfin pouvoir être posée au grand public plus à même de s’intéresser au problème « sensibilisé » qu’il est par les questions sanitaires et environnementales, encerclé qu’il est par les catastrophes passées, présentes et à venir dont notre société croissanciste a le secret.

Sujet mineur, tabou

Grâce à de nombreux livres et documentaires nous avons été sensibilisé-e-s aux problèmes (ou en tout cas à une partie) que posent l’agriculture « conventionnelle », que ce soit en terme de pollution de notre milieu par les pesticides et par les OGM ou bien en terme de pratiques aberrantes. Citons, entre autres, Ces maladies créées par l’homme de Dominique Belpomme, Pesticides : Révélations sur un scandale français de Fabrice Nicolino et François Veillerette, Nos enfants nous accuseront de Jean-Paul Jaud, Notre pain quotidien de Nikolaus Geyrhalter, Le Monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin (à noter que cette dernière sort un nouveau livre intitulé Notre poison quotidien sur les polluants en rapport avec notre chaîne alimentaire ; le documentaire éponyme sera diffusé le 15 mars sur ARTE, à 20h40).

Mais la question du traitement des animaux et de notre régime alimentaire (les deux étant liés) était rarement abordée ou alors très rapidement, sans doute parce que la France a un rapport particulier, intime avec sa gastronomie traditionnelle (au point de la faire inscrire au patrimoine mondial de l’Humanité…) ou peut-être parce que la larmoyante Brigitte Bardot avait confisqué et rabaissé le débat…

Quelques articles, le plus souvent courts, paraissent dans notre presse nationale mais jamais, à notre connaissance de dossier, ni même de une, consacré aux rapports humains/non-humains, si ce n’est dans l’excellente, bien que malheureusement trop confidentielle, revue Offensive (n°24). Ce « statu quo » fut rompu, pour le grand public, par Fabrice Nicolino avec son livre au titre on ne peut plus parlant Bidoche et dans lequel il s’attaque frontalement à notre régime alimentaire fortement carné.

Avec ce photo-montage génial des Inrocks, le lien est fait entre humanité, animalité et mort, car c’est un fait manger de la viande tue des animaux et rend malades (parfois jusqu’à la mort) ceux qui les surconsomment. La question de notre rapports aux autres animaux est le sujet d’ouvrages de plus en plus nombreux, même si les pays anglo-saxons semblent avoir pris le problème à bras le corps depuis plus longtemps que nous. On pourra donc se tourner vers quelques ouvrages permettant de nous familiariser avec la question Le silence des bêtes, la philosophie à l’épreuve de l’humanité d’Elizabeth de Fontenay, L’animal que donc je suis de Jacques Derrida, avec précautions on pourra aussi lire Libération animale de Peter Singer ainsi que la critique de l’antispécisme qui y est défendu Libération animale ou nouveaux terroristes? Les saboteurs de l’humanité de Paul Ariès. Et pour les anglophones The Animal Rights Debate: Abolition or Regulation ? de Gary L. Francione et Robert Garner.

Rapports humains/non-humains et décroissance

Changer les rapports entre les humains et les autres animaux peut avoir des conséquences sur de nombreux de domaines ; de l’agriculture à la recherche en passant par la gastronomie, les loisirs ou l’habillement, jusqu’à la pratique religieuse. En tout cas, la société ne peut pas ne pas en être affectée et la diversités des approches existantes ne peut-être qu’une richesse.

Entre ceux qui veulent que toute vie, animale ou végétale, ait la même valeur (biocentristes), en passant par ceux qui veulent la fin de l’exploitation de tous les animaux (antispécistes abolitionnistes), ceux qui souhaitent donner des droits à tous les animaux capables de souffrir (antispécistes pathocentristes), ceux pour qui la vie d’un non-humain adulte peut avoir plus de valeur que celle d’un enfant humain (antispécistes utilitaristes) et ceux pour qui donner des droits aux animaux serait forcément rabaisser l’humain (anthropocentristes), il y a de la place pour le débat. Et si cette question (qui n’est pas plus tranchée chez les objecteurs de croissance qu’ailleurs) est une question qui peut nous emmener, à l’instar de la décroissance, sur la crête, et qu’elle peut donc donner naissance au pire comme au meilleur, il ne tient qu’à nous de faire en sorte que ce soit vers le meilleur que penche la balance. Ce qui est sûr c’est qu’à l’heure actuelle nous en sommes loin.

Quoi qu’il en soit, adopter un régime végétalien, végétarien ou ne serait-ce que diminuer sa consommation de viande n’a que des aspects positifs que ce soit au niveau environnemental (diminution des gaz à effet de serre, des nitrates,…) et donc au niveau sanitaire (baisse des maladies cardiovasculaires, des cancers…), ou au niveau éthique (on nourrit plus de personnes avec la même surface de terre), sans compter l’aspect positif évident pour les animaux.

Mais si nous pouvons faire beaucoup au niveau individuel, nous savons que cela ne sera jamais suffisant pour changer la société et il nous faudra donc inclure ces réflexions dans notre, dans nos, projets politiques.

Prenons conscience de la situation, débattons-en, changeons nos habitudes, changeons la société.

Lire l’article du journal


Notre Pain Quotidien « Extrait »

Et aussi le « Bien-être animal : vers une prise de conscience ? » sur France-Info.
à écouter et télécharger le dossier (10 min et 1 min)

[audio:http://decroissance.lehavre.free.fr/presse/dossier_2011-01-21-19-01-24.mp3]

[audio:http://decroissance.lehavre.free.fr/presse/viande-et-cancer-web_2011-01-21-18-17-55.mp3]

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