Fillon, sacré « homme de l’année 2009 » par le journal de l’automobile

Le 22 avril 2010, François Fillon – Premier Ministre – a reçu le prix « Homme de l’année 2009 » décerné par le journal de l’automobile.

Admirateur des sports mécaniques, il a surtout œuvré à la relance de l’industrie automobile en début d’année 2009 lorsque l’Etat français y a investi plus de 6 milliards d’euros. Il a fait, pour l’occasion, un discours qui consacre l’automobile comme base de l’avenir de notre société. La croissance verte est en marche et le développement durable sort les canons.

Tout d’abord, M. Fillon tord le coup à une idée forte des tenants de la Décroissance :

« L’automobile, ce n’est pas un problème, c’est même, dans bien des cas, une solution. La vérité, c’est que nous sommes en mesure d’apporter des réponses aux problèmes d’énergie, aux problèmes d’environnement qui se posent, à condition de faire confiance aux capacités d’innovation, aux capacités scientifiques, aux capacités technologiques de l’être humain. Derrière l’acharnement de certains contre l’automobile, il y a, au fond, le rêve d’une société qui, au prétexte des dangers qui menacent l’individu, nie sa liberté »

Nous voilà rassurés, le progrès technique arrive et va trouver une solution miracle pour nous sortir de cette impasse. Nous tenons néanmoins à informer le Gouvernement que l’automobile doit être envisagée plus globalement que le morceau de tôle qu’elle est.

Comprendre la pollution et les dégradations que fait subir une automobile, c’est d’abord prendre en compte l’ensemble  de son cycle de vie ; ça va de l’extraction de ses matériaux (pour ne pas dire le pillage des ressources naturelles), à sa fabrication et à son recyclage (avec ses limites). Une automobile pollue même quand elle ne roule pas : elle fait subir des dégâts à l’environnement avant sa mise en circulation et aussi après.

En outre, il faut envisager l’automobile dans notre espace de vie, en tenant compte de la destruction de terres agricoles, de la dévégétalisation des espaces, de la pollution sonore, visuelle et sociale, puisque l’automobile a permis un mode de développement de notre société fondée sur le déplacement individuel et fortement gaspilleur en énergie et en espace, à l’exemple des lotissements pavillonnaires qui fleurissent dans toute la France.

Finalement, le problème n’est pas l’automobile en tant que moyen pour se transporter – elle rend bien des services – mais son mésusage c’est-à-dire sa généralisation à outrance sans tenir compte des limites que tout outil porte intrinsèquement.
Nous n’avons pas évoqué les morts et les blessures à vie que le système automobile cause chaque année. Pour M. Fillon, « chaque conducteur est responsable de la conduite de son véhicule ». Sans commentaire. Nous pensons justement que le coût humain est trop important et qu’il montre que ce système mène à une impasse mortelle. Il y a bien moins d’accidents en transports en commun.
La foi en la science de M. Fillon est déroutante mais surtout irresponsable. Elle prouve, au contraire, que le Gouvernement ne prend pas le problème par le bon bout. Le mur se rapproche mais l’idée est d’accélérer pour le défoncer ; nous proposons de ralentir et de prendre un autre chemin, plus sobre, plus convivial.

Ce chemin ne sera pas la voie du tout-automobile, ni du déplacement permanent. Il est à construire ensemble et devra remettre en cause le sens de nos vie, la centralité du travail notamment (principale raison des déplacements). M. Fillon a parlé de nous comme : « ceux qui sont favorables à une sorte de décroissance, de retour en arrière et peut être même à une certaine forme de collectivisme, d’organisation de la société pour faire face aux dangers qui la guettent ». Nous ne prônons pas un retour en arrière mais une réflexion sur nos comportements et notre mode de vie. Nos propositions s’enracinent dans la réalité pour faire face à une crise systémique qui touche la planète et que subissent les femmes et les hommes.

Nous assumons ne pas partager les mêmes valeurs que M. Fillon qui loue la recherche de la compétitivité. Nous préférons la coopération. Nous ne pensons pas que l’automobile soit synonyme d’autonomie et de liberté car elle nous enchaîne au système capitaliste et, finalement, nous en rend prisonniers. Nous préférons la liberté de choisir notre mode de transport, de choisir les raisons du transport, voire même de pouvoir choisir de s’en passer. Evoquer l’automobile comme un rêve de beauté, c’est nier la réalité ou ne pas avoir de goût. Comment peut-on trouver une autoroute, un périphérique ou un paysage meurtri par une saignée de bitume comme beau ? M. Fillon et ses acolytes doivent rapidement ouvrir les yeux et visiter la France.

Ce sont bien la massification de l’automobile et l’organisation de la société autour d’elle qui posent problème. Il est donc nécessaire de remettre en question nos modes de vie, réformer profondément notre mode de pensée et notre sacro-saint confort moderne. Trouver des solutions aux maux causés par l’automobile ne peut se traduire que par une révolution dans notre façon d’appréhender le transport et notre organisation spatiale. Le flux des transports automobiles doit obligatoirement décroître, notre territoire doit être réaménagé et les industries reconverties, naturellement vers des activités qui compenseront le repli de l’automobile, des transports de marchandises, et des infrastructures associées.

Il faut comprendre que, remettre en cause l’automobile, c’est remettre en cause la société capitaliste et en revoir les fondements-mêmes, afin de nous orienter vers une société organisée d’une manière plus conviviale, plus respectueuse de l’environnement, et plus juste envers les humains qui la composent. Cette nouvelle organisation, basée sur la simplicité volontaire, ne pourra s’instaurer que dans le cadre d’une politique de décroissance, s’appuyant sur les expérimentations novatrices déjà existantes qui peuvent commencer à nous guider (1).

Pour trouver des alternatives au système automobile, nous vous invitons participer à nos travaux : http://www.partipourladecroissance.net/?p=3303 et à nous contacter.

L’automobile a longtemps été un rêve, désormais elle est un cauchemar.
Parti Pour La Décroissance

[1]  Extrait du texte : « Stop à la voiture » du PPLD : http://www.partipourladecroissance.net/?p=3303

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