L’objection de croissance contre l’aliénation capitaliste

Le 24 juin, le groupe havrais du Parti de la décroissance participait à sa manière à la manifestation contre la réforme des retraites. Le 26 juin, les décroissants vont encore joyeusement baver dans la sale soupe productiviste à l’occasion d’une Journée escargots.

20 000 manifestants ont déambulé dans les rues du Havre le 24 juin pour protester contre la réforme des retraites. Installés sur des chaises longues derrière une antique table de camping, les partisans de la décroissance bullaient, tout simplement, en regardant passer l’immense cortège. Manière d’exprimer leur objection et leur abjection du système qui oppresse et manipule les êtres humains et détruit inexorablement la planète. Adeptes de la militance humoristique, la poignée de militants décroissants offraient… des croissants aux dockers, aux douaniers, aux ouvriers, aux marins, aux enseignants, aux retraités veinards qui savouraient la plaisanterie et les viennoiseries.

Pour bien mettre les points sur les i, les Décroissants havrais organisent le samedi 26 juin une Journée escargot, mascotte de celles et ceux qui souhaitent donner un coup de frein à la folie productiviste qui conduit le monde à sa perte. « A l’aide de ses meilleurs outils que sont le capitalisme, le libéralisme, l’ultra-libéralisme et autres néo… la société de croissance accumule dramatiquement les crises environnementales, sociales, économiques, culturelles et politiques. Devant ce constat, il est urgent de dire à tous les citoyens qu’il ne s’agit pas de choisir entre croissance et décroissance, mais bien entre une décroissance volontaire et une récession subie », explique le programme de la journée.

Le premier rendez-vous est donné à 11 heures dans les jardins de l’Hôtel de ville du Havre pour une heure de silence sur le thème Télé, pas de pub destinée aux enfants. « La publicité est un des bras armés du capitalisme. Il permet de générer des envies infiniment frustrantes. Le productivisme a besoin de « bons » consommateurs pour écouler ses produits. Plus ils seront conditionnés jeunes, plus ils seront boulimiques de consommation. Réclamons la suppression de la publicité par une heure de manifestation non violente. »

Les Décroissants sont comme tout le monde, ils ont parfois faim. Vers 12h30, un pique-nique est donc organisé dans les jardins de l’Hôtel de ville du Havre. Chacun est invité à partager généreusement ce qu’il y a dans son panier.

En guise de digestif, une grande messe dédiée à la consommation est prévue devant le centre commercial Coty vers 15 heures. Une heure de prière va être offerte à Sainte-Consommation devant l’un de ses vénérables temples. Grands prêtres et fidèles cons-sots-mateurs liront quelques pages choisies de leur Missel.

La voiture sera ensuite dans le collimateur des ami-e-s des gastéropodes. « L’automobile n’est pas uniquement le moyen de transport et de liberté. Son hyper-développement a des conséquences sur toute la société, construite autour de la voiture et des transports routiers, au point que toute la population est aliénée à la société de l’automobile : séparation des individus entre eux, des classes sociales en favorisant les ségrégations géographiques, des lieux de production et des lieux de consommation. L’espace urbain français est occupé à 30% par des automobiles, le plus souvent à l’arrêt, une voiture restant 95% de son cycle de vie en stationnement. La société de l’automobile n’est une société ni soutenable ni souhaitable, ni sereine ni conviviale. Faisons une pause et réapproprions-nous de l’espace public confisqué par les voitures. » La démonstration prévue se déroulera sur un parking havrais. Des piétons mettront des pièces dans des horodateurs pour reprendre possession de l’espace urbain. Chaises longues, fauteuils, matériel de camping, bac à sable… empièteront pendant quelques heures sur le précieux macadam réservé habituellement aux véhicules.

A partir de 20 heures, nous retrouverons les Décroissants au café Les Lucioles (31, rue Casimir-Delavigne) où un concert de soutien au Camp Action Climat 2010 est organisé. Au programme, slam et hip-hop. Le Camp Action Climat s’installera dans la région havraise du 22 juillet au 1er août. Après avoir occupé le site du projet d’aéroport du Grand Ouest près de Nantes l’été dernier, le Camp Action Climat vise cette année la zone industrielle de l’estuaire de la Seine. Les campeurs profiteront de leur rassemblement pour mettre en place des actions ciblées sur la source des causes du changement climatique. « La zone industrielle de l’estuaire de la Seine est un condensé des industries les plus polluantes, comme la raffinerie Total et la cimenterie Lafarge. On y trouve aussi les industries des fausses solutions, comme l’usine d’agro-carburant Terreos, explique Anna William, du Camp Action Climat. Nous devons nous former et nous informer collectivement, pour agir et faire cesser ces industries qui menacent l’avenir de tous. »

Plus aller plus loin :

– source : PACO sur le post

– Le site du Collectif havrais d’Ojecteurs de Croissance (ChOC).

-Le site du Camp Action Climat 2010.

Le Camp Action Climat sur Le Post.

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