Energie : localisation, usages, et sobriété dans « Rouge et Vert » des Alternatifs

Les Objecteurs de Croissance cherchent des réponses communes à des enjeux qui peuvent paraître avoir des solutions incompatibles (1).
– Lutter contre les inégalités sociales : nord/sud, ainsi que dans chaque territoire,
– Echapper aux périls environnementaux : déplétion des ressources, rapidité du changement climatique, et pollutions,
– Retrouver le sens de nos vies : aliénation au travail, frustrations de la société consumériste, culture concurrentielle, décisions qui échappent aux citoyens, adaptation au techno-scientisme, etc…

La question énergétique est au centre des ces problématiques. Notre mode de société consumériste est dans une impasse : pillage des pays riches en ressources, gaspillage et pollutions.
Le nucléaire, qui nous a été imposé sans concertation, est un allié zélé du capitalisme qui incarne à la fois la démesure humaine, sa folie et son irresponsabilité.
Si les énergies renouvelables sont présentées comme une option pour faire face à la déplétion pétrolière, elles ne permettront pas de le compenser complètement. Le techno-scientisme ne nous sauvera pas, et la voie « verte » du capitalisme ne sera ni durable, ni souhaitable.

Face à ce constat dramatique, notre devoir est d’agir et de proposer d’autres modes de vie, et de faire pression sur les pouvoirs publics, afin d’enclencher une politique publique énergétique vertueuse et responsable fondée sur la sobriété, le sens, des choix démocratiques, la relocalisation, ou encore le ralentissement.

Relocaliser

Les objecteurs de croissance prônent une reconversion industrielle, décentralisée et émancipée des superstitions scientistes et économistes.
Nous proposons une civilisation organisée autour de centres de production de taille réduite. Nous prônons une réduction du gaspillage de l’énergie, avec l’adoption généralisée des énergies renouvelables, avec des petites unités de production. Citons l’éolien, le solaire, l’hydroélectrique, la biomasse, les courants marins, la houle.
Il faudra naturellement contrôler l’impact environnemental de ces solutions depuis la conception jusqu’à la fin de la vie et au traitement de leurs déchets, afin de ne pas remplacer un problème par un autre.

Décoloniser l’imaginaire

Il s’agit surtout de responsabiliser les individus via le rapport d’usage ; il s’oppose au rapport de consommation et d’accumulation. Le principe de gratuité de l’usage simple et du renchérissement du mésusage est essentiel pour limiter le gaspillage, dans le domaine des biens communs. Ce système de facturation est déjà expérimenté pour l’eau.
De même, l’accès à la gratuité aux transports publics de proximité pour tous, accompagné d’un renchérissement du mésusage des transports, rendrait la question « de la cause des déplacements » prioritaire à celles des « moyens ». Cela contribuerait largement à la diminution de l’usage de la voiture et par là même à une diminution importante de la consommation.

La démocratisation des choix publics

Les limites entre le bon-usage et le mésusage ne peuvent pas être décrétées arbitrairement par des gouvernants. Ces questions doivent faire l’objet de débats citoyens, participatifs et locaux. Il est plus impliquant de décider directement des moyens de partager les ressources que de personnaliser les élections autour d’individus (2).
Démocratiser les choix publics impose nécessairement une nouvelle organisation sociale, l’indépendance des médias et une limitation drastique de la publicité.

Le débat ne doit pas uniquement porter sur l’usage, mais aussi sur les moyens. En France, le lobby pro-nucléaire a été assez puissant pour imposer le nucléaire en privant les citoyens d’un débat. Maintenant, après quelques décennies, la majorité des organisations politiques et associatives qui ont accès aux médias, restent, en France dans l’imaginaire du mode de vie consumériste actuel : un éventuel débat risquerait d’être biaisé puisque les questions de l’usage et des modes de vies n’y trouveraient pas leur place.

Sortir du nucléaire : une urgence pour notre sécurité

Pour en finir avec le risque nucléaire, avec sa prolifération, et avec la porosité des parois entre les parois entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire ; la sortie du nucléaire s’impose.

Depuis 1979 on compte en France environ 700 « évènements significatifs pour la sûreté par an », une tendance fortement à la hausse depuis 2005. La pression économique liée à la libéralisation, et la financiarisation des marchés, rongent les marges de sûreté. La probabilité d’accident nucléaire augmente considérablement. De plus, on ne peut pas gérer l’après accident.

Mais on ne peut construire les 120000 éoliennes industrielles qui permettraient de remplacer le nucléaire en quelques années, ni couvrir la France de panneaux photovoltaïques. La seule possibilité est de faire fonctionner les centrales thermiques fossiles qui ne sont utilisées que pendant les périodes de pointe. Comme la plupart des autres pays dans le monde.

Qu’en serait-il alors de l’augmentation prévisible des gaz à effet de serre ?
La contribution des transports à la production des gaz à effet de serre est le double de celle de la production d’électricité : aussi une réduction de 10 % de l’un aura un effet de 1,3 % pour la contribution à l’électricité, contre 2,6 % pour les transports. Réduisons surtout les transports sur route.
Deuxième élément important : le nucléaire est marginal dans le monde en ce qui concerne la consommation d’énergie primaire (5 %) aussi le remplacer par du thermique fossile ne devrait pas générer beaucoup plus de gaz à effet de serre.

La question des déchets reste entière …

Une fois sorti du nucléaire il faudra sortir du fossile… et de la centralité de la valeur travail

La sortie du fossile est un enjeu de civilisation, car on en revient aux économies d’énergie qui sont couplées avec une réduction de la production des biens matériels. Se pose alors le problème des emplois salariés dont chacun est dépendant pour survivre. Peu importe la qualité de l’emploi, il faut un emploi !

Pour sortir du fossile, cassons les hyper-connexions entre l’accès aux ressources fondamentales et l’obligation d’avoir accès à des emplois (qui sont structurellement rares)

Un des outils économiques et sociaux susceptibles d’initier cette transition, est l’instauration d’une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA) couplé à un revenu maximum autorisé (RMA) (3). Il a pour objectif de faire décroître les inégalités, de sortir du capitalisme et du productivisme, de se désaliéner du travail, d’imaginer un autre rapport à l’argent tout en mettant en exergue d’autres comportements, de relocaliser.

(1) http://www.decroissance2012.fr/?p=127
(2) http://www.decroissance2012.fr/?page_id=84
(3) http://www.partipourladecroissance.net/?p=4144http://www.partipourladecroissance.net/?p=6263

source : http://www.alternatifs.org/spip/rouge-et-vert-no328

fichier pdf : http://www.alternatifs.org/spip/IMG/pdf_rouge_vert328.pdf

Ce contenu a été publié dans Billets du PPLD, Communiqués de presse, nucléaire. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.